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rope entiere, l’insouciance vous enchaîne, et vous vous endormez en paix sur des lauriers que tant de mains cherchent à vous ravir.

Je vous le dis, Citoyens, le moment presse, si vous laissez échapper ce pouvoir acquis par vos exploits, que de difficultés pour le resaisir !

Raisonnons donc un moment ensemble sur la maniere de le conserver. Je vous demanderai d’abord comment vous considérez ceux que vous avez chargé de vous faire des loix. Par un impardonnable abus d’idées, les confondriez-vous avec ces Représentans d’un peuple esclave, envoyés par vous pour offrir des vœux et des supplications aux pieds du trône d’un imbécille ? Gardez-vous de cette erreur, Citoyens, et ne perdez jamais de vue l’extrême différence qui regne entre le Député des sujets de Louis XVI, et les Mandataires d’un Peuple qui vient de reconquérir à la fois ses droits, sa puissance et sa liberté ; le premier, n’ayant que des graces à demander ou des faveurs à obtenir, pouvoit, en vous les distribuant sur les dégrés du trône où vous l’éleviez, conserver encore avec vous cette attitude guindée du despotisme qu’il copioit aux genoux de son maître ; de-là le