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j’ai étudié les hommes et je les connois ; je sais qu’ils renoncent avec bien de la peine au pouvoir qui leur est confié, et qu’il n’est rien de difficile comme de poser des bornes à l’autorité déléguée. J’aime le Peuple, mes ouvrages prouvent que j’établissois le système actuel bien avant que les bouches de feu qui renverserent la Bastille, ne les annonçassent à l’univers. Le plus beau jour de ma vie fut celui où je crus voir renaître la douce égalité de l’âge d’or, où je vis l’arbre de la liberté couvrir de ses rameaux bienfaisans les débris du sceptre et du trône. Ce foible écrit n’est que le résultat de mes craintes, si je vous les inspire, vous vous opposerez bientôt à ce qui les fait naître, et nous serons tous heureux ; si je me trompe, ma faute est celle de mon cœur, je trouverai mon excuse dans le vôtre ; alors communiquez-moi vos lumieres, je rédigerai mon plan d’après elles. Je n’ai d’orgueil ici que celui de la sensibilité ; je consens à parler plus mal qu’un autre, mais je ne veux pas vous aimer moins.

Par le Marquis de Sade
auteur de Justine.


De l’Imprimerie de la rue S. Fiacre, No. 2.