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choix, placeroit alors pour adopter ou pour rejeter la loi, celui qui malheureusement a le plus souvent l’art de l’éluder, ou le moyen ; de s’y soustraire, et c’est précisément là l’écueil qu’il faut éviter avec le plus de soin.

Solon disoit que les loix étoient comme des toiles d’arraignées, à travers lesquelles passoient les grosses mouches, tandis que les petites y restoient, seules enveloppées. Cette comparaison d’un grand homme nous conduit à reconnoître la nécessité d’admettre essentiellement, et peut-être même de préférence, à la sanction d’une loi, cette partie du peuple la plus maltraitée du sort, et puisque c’est elle que la loi frappe le plus souvent, c’est donc à elle à choisir la loi dont elle consent à être frappée.

Citoyens, voilà mes vues ; je vous les soumets ; vous reconnoîtrez, j’espere, au ton qui les dicte, le plus pur amour de la justice et de l’égalité… le désir le plus véhément de vous voir conserver une liberté qui vous coûte si cher, et qui vous est si bien due. Je ne soupçonne qui que ce soit, je ne me méfie de personne ; aucun individu dans le monde n’a peut-être plus de confiance que moi dans nos représentans, mais je sais jusqu’où va l’abus du pouvoir ; je démêle toutes les ruses du despotisme,