je vous ferai faire connaissance avec elle ; si elle
vous plaît, vous avouerez à M. de … que je vous
y ai menée, que c’est une femme honnête et
que vous trouvez très bon que vos rendez-vous
se passent là ; si elle vous déplaît, ce que je suis
bien loin de craindre, comme nous n’aurons été
qu’un instant, vous lui cacherez notre démarche ;
alors je prendrai sur moi de lui avouer que je
ne peux plus lui prêter ma maison et vous aviserez
de concert à trouver quelques autres moyens
de vous voir.
Ce que cette femme me disait était si simple, l’air et le ton qu’elle employait si naturels, ma confiance si entière et ma candeur si parfaite, que je ne trouvai pas la plus petite difficulté à lui accorder ce qu’elle demandait ; il ne me vint que des regrets sur l’impossibilité où elle était, disait-elle, de nous continuer ses services, je les lui témoignai de tout mon cœur, et nous sortîmes. La maison où l’on me conduisait était dans la même rue, à soixante ou quatre-vingts pas de distance au plus de celle de la Berceil ; rien ne me déplut à l’extérieur, une porte cochère, de belles croisées sur la rue, un air de décence et de propreté partout ; cependant une voix secrète semblait crier au fond de mon cœur, que quelque événement singulier m’attendait dans cette