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LA PRUDE OU LA RENCONTRE IMPRÉVUE
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dit Sernenval, j’y consens, je te servirai même d’introducteur pour preuve de ma façon philosophique de penser sur cette matière, mais par une délicatesse que j’espère que tu ne blâmeras point, par les sentiments que je dois enfin à ma femme et qu’il n’est pas en moi de vaincre, tu permettras que je ne partage point tes plaisirs, je te les procurerai… et en resterai là. Desportes persifle un instant son ami, mais le voyant décidé à ne point se laisser entamer sur cet objet, il consent à tout, et l’on part.

La célèbre S. J. fut la prêtresse au temple de laquelle Sernenval imagina de faire sacrifier son ami. — C’est une femme sûre qu’il nous faut, dit Sernenval, une femme honnête ; cet ami pour lequel j’implore vos soins, n’est que pour un instant à Paris, il ne voudrait pas rapporter un mauvais présent dans sa province et vous y perdre de réputation ; dites-nous franchement si vous avez ce qu’il lui faut et ce que vous désirez pour lui en procurer la jouissance. — Écoutez, reprit la S. J., je vois bien à qui j’ai l’honneur de m’adresser, ce n’est pas des gens comme vous que je trompe, je vais donc vous parler en honnête femme et mes procédés vous prouveront que je le suis. J’ai votre affaire, il ne s’agit que d’y mettre le prix, c’est une femme