sa vie dans des églises ou avec des prêtres
qu’une honnête femme remplit réellement ses
devoirs, que les premiers de tous sont ceux
de sa maison, nécessairement négligés par une
dévote, et qu’elle honorerait infiniment davantage
les vues de l’Éternel en vivant d’une
manière honnête dans le monde, qu’en allant
s’enterrer dans des cloîtres, qu’il y avait infiniment
plus de danger avec les étalons de Marie
qu’avec ces amis sûrs dont elle refusait ridiculement
la société. Il faut que je vous connaisse
et que je vous aime autant que je le fais, ajoutait
à cela M. de Sernenval, pour n’être pas
très inquiété de vous pendant toutes ces pratiques
religieuses. Qui m’assure que vous ne
vous oubliez pas quelquefois plutôt sur la molle
couchette des lévites, qu’au pied des autels du
dieu ? Rien de si dangereux que tous ces coquins
de prêtres ; c’est toujours en parlant de Dieu
qu’ils séduisent nos femmes et nos filles, et
c’est toujours en son nom qu’ils nous déshonorent
ou nous trompent. Croyez-moi, chère
amie, on peut être honnête partout ; ce n’est ni
dans la cellule du bonze, ni dans la niche de
l’idole que la vertu érige son temple, c’est dans
le cœur d’une femme sage, et les compagnies
décentes que je vous offre n’ont rien qui ne
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LA PRUDE OU LA RENCONTRE IMPRÉVUE
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