leur porte aussi, tenez, voyez-vous ces boucles
d’oreille, elles valent bien cent louis au moins,
eh bien, c’est pour Adélaïde, c’est pour votre
maîtresse ; et ce collier qui va bien pour le moins
au même prix, c’est pour Sophie ; ce n’est pas
tout, tenez, voyez cette boîte d’or avec le portrait
de ma mère, on nous l’estimait encore hier plus
de cinquante louis, eh bien, c’est pour mon
oncle Mathieu, c’est un présent que mon père
lui fait. Oh ! je suis bien sûre qu’en hardes, en
argent ou en bijoux j’ai pour plus de cinq cents
louis sur moi. — Vous n’aviez pas besoin de
tout cela pour être bien venue de M. votre oncle,
mademoiselle, dit le filou lorgnant la belle et ses
louis. Il fera bien sûrement plus de cas du plaisir
de vous voir que de toutes ces fadaises. — Eh
n’importe, n’importe, mon père est un homme
qui fait bien les choses, et il ne veut pas qu’on
nous méprise parce que nous habitons la province.
— En vérité, mademoiselle, on a tant de
plaisir dans votre société que je voudrais que
vous ne quittassiez plus Paris, et que M. Mathieu
vous donnât son fils en mariage. — Son fils, il
n’en a point. — Son neveu, veux-je dire, ce
grand jeune homme… — Qui, Charles ? — Justement,
Charles, parbleu le meilleur de mes
amis. — Quoi, vous avez aussi connu Charles,
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LES FILOUS
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