d’un vilain qui souille le lit de madame. — Soit
fait, monseigneur, répondit Clodomir, nous
l’égorgerons si vous voulez, et vous le servirons
troussé comme un cochon de lait. — Non, mon
ami, répondit M. de Longeville, il suffit de le
mettre dans un sac avec des pierres dedans, et
de le descendre en cet équipage au fond des fossés
du château. — Cela sera. — Oui, mais avant
tout il faut le prendre et nous ne le tenons pas.
— Nous l’aurons, monseigneur, il sera bien fin
s’il se sauve de nous, nous l’aurons, vous dis-je.
— Il viendra ce soir à neuf heures, dit l’époux
offensé, il passera par le jardin, arrivera de plain
pied dans les salles basses, ira se cacher dans le
cabinet qui est auprès de la chapelle et se tiendra
blotti là jusqu’à ce que madame me croyant endormi,
vienne le délivrer pour le conduire en son
appartement ; il faut lui laisser faire toutes ses
manœuvres, nous contenter de le guetter, et dès
qu’il se croira à l’abri nous mettrons la main
dessus et nous l’enverrons boire afin de tempérer
ses feux.
Rien de mieux conduit que ce plan et le pauvre Colas allait certainement être mangé des poissons si tout le monde eût été discret ; mais le baron s’était confié à trop de monde, il fut trahi : un jeune garçon de cuisine qui chéris-