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L’ÉPOUX CORRIGÉ
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bornes du vivant des parents de sa femme, il ne garda plus nulle mesure dès qu’elle les eut perdus et qu’il la vit dans l’impossibilité d’implorer des vengeurs. Ce qui n’avait d’abord l’air que d’un badinage, devint peu à peu un tourment réel ; mademoiselle de Lurcie n’y put tenir, son cœur s’aigrit, elle ne songea plus qu’à la vengeance. Mlle de Lurcie voyait fort peu de monde, son mari l’isolait autant qu’il était possible ; le chevalier d’Aldour son cousin, malgré toutes les représentations de Bernac n’avait point cessé de voir sa parente, ce jeune homme était de la plus jolie figure du monde et ce n’était pas sans intérêt qu’il persistait à fréquenter sa cousine ; comme il était fort répandu dans le monde, le jaloux, crainte d’être persiflé, n’osait trop l’éloigner du logis… Mademoiselle de Lurcie jeta les yeux sur ce parent pour s’affranchir de l’esclavage dans lequel elle vivait : elle écouta les jolis propos que lui tenait journellement son cousin, et définitivement elle s’ouvrit tout à fait à lui, elle lui avoua tout. Vengez-moi de ce vilain homme, lui dit-elle, et vengez-m’en par une scène assez forte pour que lui-même n’ose jamais la divulguer : le jour où vous réussirez sera celui de votre triomphe, je ne suis à vous qu’à ce prix. D’Aldour enchanté promet tout et ne travaille