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L’ÉPOUX CORRIGÉ


Un homme déjà sur le retour imagina de se marier quoiqu’il eût vécu sans femme jusqu’alors, et ce qu’il fit peut-être de plus maladroit d’après ses sentiments ce fut de prendre une jeune fille de dix-huit ans, de la figure du monde la plus intéressante et de la taille la plus avantageuse. M. de Bernac, c’était le nom de cet époux, faisait une sottise d’autant plus grande en prenant une femme, qu’il était on ne saurait moins dans l’usage des plaisirs que donne l’hymen, et il s’en fallait de beaucoup que les manies dont il remplaçait les chastes et délicats plaisirs du nœud conjugal, dussent plaire à une jeune personne de la tournure de mademoiselle de Lurcie, ainsi s’appelait la malheureuse que Bernac venait de lier à son sort. Dès la première nuit des noces, il déclara ses goûts à sa jeune épouse, après lui avoir fait jurer de ne rien révéler à ses parents ; il s’agissait, ainsi dit le célèbre Montesquieu, de