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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


Comment de pudeur ? — Assurément, croyez-vous que je veuille m’en tenir à vous montrer seulement la taille ou la robe de ma maîtresse, mon triomphe serait-il complet si, en dérobant tous ces voiles, je ne vous convainquais pas combien je dois être heureux de la possession de tant de charmes… Comme cette jeune femme est singulièrement modeste, elle rougirait de ces détails ; elle a bien voulu y consentir, mais sous la clause expresse d’être voilée. Vous savez ce que c’est que la pudeur et les délicatesses des femmes, monsieur Du tour, ce n’est pas à un homme élégant et à la mode comme vous qu’on en impose sur ces choses-là. — Comment, d’honneur, vous allez me montrer ? — Tout, je vous l’ai dit, personne n’a moins de jalousie que moi, le bonheur qu’on goûte seul me paraît insipide, je ne trouve de délices qu’à celui qui se partage. Et pour persuader ses maximes, Raneville commence par enlever un mouchoir de gaze qui met à découvert à l’instant la plus belle gorge qu’il soit possible de voir… Dutour s’enflamme. — Hein, dit Raneville, comment trouvez-vous ceci ? — Ce sont les appas de Vénus même. — Croyez-vous que des tétons si blancs et si fermes soient faits pour allumer des feux… touchez, touchez, mon camarade, les yeux nous