fois s’emparer de vous, réfléchissez avant que
d’en venir là que vous avez à faire à forte partie,
que cette famille puissante que vous offenseriez
tout entière par vos démarches vous ferait aussitôt
passer pour un fou et que l’hôpital de ces
malheureux deviendrait pour jamais votre dernière
demeure. — Ne craignez rien, monsieur,
dit le président, je suis le premier intéressé à ne
plus avoir d’affaire avec de telles personnes, et
je vous réponds que je saurai les éviter. — Je
vous le conseille, président, dit le capitaine en
lui ouvrant enfin sa prison, partez en paix et que
jamais ce pays-ci ne vous revoie. — Comptez sur
ma parole, dit le robin en montant à cheval, ce
petit événement m’a corrigé de tous mes vices,
je vivrais encore mille ans que je ne viendrais
plus chercher de femme à Paris ; j’avais quelquefois
compris le chagrin d’être cocu après le mariage,
mais je n’entendais pas qu’il fut possible
de le devenir avant… Même sagesse, même discrétion
dans mes arrêts, je ne m’érigerai plus en
médiateur entre des filles et des gens qui valent
mieux que moi, il en coûte trop cher pour prendre
le parti de ces demoiselles-là et je ne veux plus
avoir affaire à des gens qui ont des esprits tout
prêts pour les venger. Le président disparut et
devenu sage à ses dépens, on n’entendit plus
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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX