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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


une très mauvaise chambre, qu’il avait pour lui des ordres ultérieurs, d’une sévérité dont il lui était impossible de s’écarter. On laissa le président dans cette cruelle situation pendant près d’un mois ; personne ne le voyait, on ne lui servait que de la soupe, du pain, et l’eau, il était couché sur de la paille dans une chambre d’une humidité affreuse, et l’on n’entrait chez lui que comme à la Bastille, c’est-à-dire comme chez les bêtes de la ménagerie, uniquement pour porter le manger. L’infortuné robin fit de cruelles réflexions pendant ce fatal séjour, on ne les troubla point ; enfin le faux gouverneur parut et après l’avoir médiocrement consolé, il lui parla de la manière suivante :

Vous ne devez pas douter, lui dit-il, monsieur, que le premier de vos torts soit d’avoir voulu vous allier à une famille si au-dessus de vous à toute sorte d’égards ; le baron de Téroze et le comte d’Olincourt sont des gens de la première noblesse qui tiennent à toute la France, et vous n’êtes qu’un malheureux robin provençal, sans nom comme sans crédit, sans état comme sans considération ; quelques retours sur vous-même eussent donc dû vous engager à témoigner au baron de Téroze qui s’aveuglait sur votre compte, que vous n’étiez nullement fait pour sa fille ;