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LE PRÉSIDENT MYSTIFIÉ
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tesse, ou prévenir au moins celle qu’il s’imaginait qu’on allait surprendre, on s’empare des bougies, les hommes passent les premiers, les femmes entourent Fontanis, elles lui donnent la main, et dans ce plaisant cortège on se rend à la porte de sa chambre… À peine notre infortuné galant pouvait-il respirer : Je ne réponds de rien, disait-il en balbutiant, songez à l’imprudence que vous faites, qui vous dit que l’objet de mes amours n’est peut-être pas à m’attendre en cet instant-ci dans mon lit, et si cela est, réfléchissez-vous bien à tout ce qui peut résulter de l’inconséquence de votre démarche ? — À tout événement, dit la marquise en ouvrant précipitamment la porte, allons, beauté qui, dit-on, attendez le président au lit, paraissez et n’ayez pas peur. Mais quelle est la surprise générale, quand les lumières en face du lit éclairent un âne monstrueux, mollement couché dans les draps, et qui par une fatalité plaisante, fort content sans doute du rôle qu’on lui faisait jouer, s’était paisiblement endormi sur la couche magistrale et y ronflait voluptueusement. — Ah ! parbleu, s’écria d’Olincourt en se tenant les côtes de rire, président, considère un peu l’heureux sang-froid de cet animal, ne dirait-on pas que c’est un de tes confrères à l’audience ? Le président néanmoins