costume aussi indécent ; il leur conta ses nouveaux
chagrins, on l’obligea de se placer à table
sans lui donner le temps de mettre sa culotte
qu’il tenait toujours sous son bras à la manière
des peuples du Pégu. Le président se mit à
boire et trouva la consolation de ses maux au
fond de la troisième bouteille de vin ; comme on
avait encore deux heures de plus qu’il ne fallait
pour retourner à d’Olincourt, les chevaux se
préparèrent et l’on partit. — Voilà une fière
école, marquis, que vous m’avez fait faire là, dit le
Provençal dès qu’il se vit en selle. — Ce ne sera
pas la dernière, mon ami, répondit d’Olincourt,
l’homme est né pour faire des écoles, et les
gens de robe surtout, c’est sous l’hermine que la
bêtise érigea son temple, elle ne respire en paix
que dans vos tribunaux ; mais enfin quoique
vous en puissiez dire, fallait-il laisser ce château
sans s’éclaircir de ce qui s’y passait ? — En
sommes-nous plus avancés pour l’avoir su ? —
Assurément, nous pouvons maintenant asseoir
nos plaintes avec plus de raison. — Des plaintes,
que le diable m’emporte si j’en fais, je garderai
ce que j’ai pour moi, et vous m’obligerez infiniment
de n’en parler à personne. — Mon ami,
vous n’êtes pas conséquent, si c’est un ridicule
que de faire des plaintes quand on est molesté,
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LE PRÉSIDENT MYSTIFIÉ
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