pas à ce point-là, cela n’ôte rien d’ailleurs à la
valeur du don, cela ne fait qu’en retarder les
effets. — Et le marquis sait-il cela ? — Oui,
mais il n’ose vous en parler. — Il a tort, il faut
bien que nous en raisonnions ensemble. On
appelle d’Olincourt, il ne peut nier les faits, et
l’on convient pour résultat que ce qu’il y a de
plus simple à faire est d’aller, quelques dangers
qu’il puisse y avoir, habiter ce château deux ou
trois jours pour mettre fin à de tels désordres et
voir enfin le parti que l’on peut tirer du revenu.
— Avez-vous un peu de courage, président,
demande le marquis. — Moi, c’est selon, dit
Fontanis, le courage est une vertu de peu de
mise dans notre ministère. — Je le sais bien, dit
le marquis, il ne vous en faut que la férocité, il
en est de cette vertu-là, à peu près comme de
toutes les autres, vous avez l’art de les dépouiller
si bien que vous n’en prenez jamais que ce qui
les gâte. — Bon, vous voilà encore dans vos sarcasmes,
marquis, parlons raison je vous conjure,
et laissons là les méchancetés. — Eh bien, il faut
partir, il faut aller nous établir à Téroze, détruire
les revenants, mettre ordre à vos baux et
revenir coucher avec votre femme. — Attendez,
monsieur, un moment, je vous prie, n’allons pas
tout à fait si vite, réfléchissez-vous aux dangers
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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX