Page:Sade - Historiettes contes et fabliaux, 1926.djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
158
HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


mun, mon ami, dit d’Olincourt, il est dicté par le rigorisme et par la bêtise, il est en vous un vice d’état et de terroir qu’il faudrait abjurer à jamais ; indépendamment de ce que vos rigueurs imbéciles n’ont jamais arrêté le crime, c’est qu’il est absurde de dire qu’un forfait en puisse acquitter un autre et que la mort d’un second homme puisse être bonne à celle d’un premier ; vous devriez, vous et les vôtres, rougir de pareils systèmes prouvant bien moins votre intégrité que votre goût dominant pour le despotisme ; on a bien raison de vous appeler les bourreaux de l’espèce humaine : vous détruisez plus d’hommes, à vous seuls, que tous les fléaux réunis de la nature. — Messieurs, dit la marquise, il me semble que ce n’est ici ni le cas ni l’instant d’une discussion pareille ; au lieu de calmer mon petit frère, monsieur, continua-t-elle en s’adressant à son mari, vous achevez d’enflammer son sang et vous allez peut-être rendre sa maladie incurable. — Madame la marquise a raison, dit le docteur, permettez, monsieur, que j’ordonne à La Brie, d’aller faire mettre quarante livres de glace dans la baignoire que l’on remplira ensuite d’eau de puits, et que pendant le temps de cette préparation, je fasse lever mon malade. Tout le monde se retire aussitôt ; le