Page:Sade - Historiettes contes et fabliaux, 1926.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE PRÉSIDENT MYSTIFIÉ
133


chambre de la marquise, reçoit la compagnie quand elle arrive, et le souper fait, introduit les deux époux dans la chambre nuptiale dont les décorations et les machines avaient été dirigées par lui, et devaient être conduites par ses soins.

En vérité, mignonne, dit l’amoureux provençal aussitôt qu’il se vit tête-à-tête avec sa prétendue, vous avez des appas qui sont ceux de la Vénus même, caspita[1], je ne sais où vous les avez pris, mais on parcourerait toute la Provence sans rien trouver qui vous égalât. Puis maniant par-dessus les jupes la pauvre petite Téroze qui ne savait auquel céder du rire ou de la peur : Et tout aque par ici, et tout aque par ila, que Dieu me damne, et que je ne juge jamais de catins, si ce ne sont pas là les formes de l’amour sous les cotillons brillants de sa mère. Cependant La Brie entre apportant deux écuelles d’or, il en présente une à la jeune épouse, offre l’autre à M. le président : Buvez, chastes époux, dit-il, et puissiez-vous trouver l’un et l’autre dans ce breuvage les présents de l’amour et les dons de l’hymen. Monsieur le président, dit La Brie en voyant le magistrat s’informer de la raison de ce breuvage, ceci est une coutume parisienne qui

  1. Jurement provençal.