s’introduit. Malheureusement pour lui, les deux
sœurs et le comte d’Olincourt s’amusaient tous
les trois comme de vrais enfants dans un coin
du salon, quand cette figure originale vint à
paraître, et quelques efforts qu’ils fissent, il leur
devint impossible de se défendre d’une attaque
de rire dont la grave contenance du magistrat
provençal se trouva prodigieusement dérangée ;
il avait étudié longtemps devant un miroir sa
révérence d’entrée, et il la rendait assez passablement,
quand ce maudit rire, échappant à nos
jeunes gens, pensa faire rester le président en
forme d’arc beaucoup plus longtemps qu’il ne
se l’était proposé ; cependant il se releva, un
regard sévère du baron sur ses trois enfants les
ramena aux bornes du respect, et la conversation
s’engagea.
Le baron qui voulait aller vite en besogne et dont toutes les réflexions étaient faites, ne laissa point finir cette première entrevue sans déclarer à Mlle de Téroze que tel était l’époux qu’il lui destinait et qu’elle eût à lui donner la main sous huit jours au plus tard ; Mlle de Téroze ne dit mot, le président se retira et le baron répéta qu’il voulait être obéi. La circonstance était cruelle : non seulement cette belle fille adorait M. d’Elbène, non seulement elle en était idolâ-