jusqu’aux épaules, nasillant, glapissant, parlant
lois et réglant l’État ; à l’art de sa perruque, à
celui de ses habits serrés, de ses grands boudins
en désordre, à peine lui accorderait-on quarante
ans, quoiqu’il en ait près de soixante ; la mariée
paraît, il la cajole, et l’on lit déjà dans les yeux
du robin toute la dépravation de son cœur. Enfin
le moment arrive… on se déshabille, on se
couche, et pour la première fois de sa vie, le
président, ou qui veut se donner le temps d’éduquer
son élève, ou qui craint les sarcasmes qui
pourraient devenir les fruits des indiscrétions de
sa femme, le président, dis-je, pour la première
fois de ses jours, ne pense qu’à cueillir des plaisirs
légitimes ; mais Mlle de Fréval bien instruite,
Mlle de Fréval qui se ressouvient que sa maman
lui a dit de refuser décidément les premières
propositions qui lui seraient faites, ne manque
pas de dire au président : Non, monsieur, ce ne sera
point ainsi s’il vous plaît, partout ailleurs autant
qu’il vous plaira, mais pour là, non certainement.
— Madame, dit le président stupéfait, je puis
vous protester… je prends sur moi, c’est un
effort… en vérité c’est une vertu. — Non monsieur,
vous aurez beau faire, vous ne m’y déciderez
jamais. — Eh bien, madame, il faut vous
contenter, dit le robin en s’emparant de ses
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SOIT FAIT AINSI QU’IL EST REQUIS
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