pour lui que la reine fit assurer le duc de Bretagne
de la chaleur avec laquelle elle le soutiendrait
dans tous les temps. Malgré tous ces motifs d’être
profondément attaché aux intérêts des deux
amants, Craon trahit la confiance qu’on avait en
lui. Il fit à Valentine de Milan quelques révélations
indiscrètes, sans songer qu’il se prenait lui-même
dans les pièges qu’il tendait aux autres.
Ceci mérite quelques éclaircissements.
Il existait entre le duc, Isabelle et la duchesse d’Orléans une coupable association qui, quelque affreuse qu’elle fût, préservait néanmoins d’Orléans et la reine de tous les dangers de l’indiscrétion. Charles avait eu le même faible que le duc d’Orléans : celui-ci aimait la femme de son frère, et Charles aimait sa belle-sœur. De ce moment, Isabelle céda volontiers son époux à Valentine, sous la condition que celle-ci lui abandonnerait le sien. Tout allait le mieux du monde, et Charles, sans se douter d’un pacte qui l’eût révolté, se trouvait néanmoins heureux du prix auquel ses ennemis lui faisaient payer son bonheur.
Les indiscrétions du marquis ne dérangèrent donc rien, on savait ce qu’il avait à dire ; mais elles lui valurent toute l’inimitié d’Isabelle et réversiblement des deux autres. On résolut de se venger, et des prétextes se présentèrent aisément ; la