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ISABELLE DE BAVIÈRE


influé tant sur la révélation des concussions du duc de Berri que sur le procès de Belisac : Isabelle qui ne l’ignorait pas, de ce moment le prit en haine. Elle avait pu vouloir la prompte exécution du secrétaire, tant qu’elle redoutait ses aveux ; mais dès que Belisac l’avait bien payée, elle n’avait plus désiré sa mort, et devait donc haïr celui qui la mettait à la fois dans l’impossibilité de ne plus rien recevoir de son complice, et d’en craindre les indiscrétions : aussi ne pardonna-t-elle jamais au connétable. Le duc de Berri partageait ce ressentiment : il sera bon de se souvenir de cette particularité, lorsqu’on verra Clisson devenir victime de ces haines, dont les germes se trouvaient aussi dans l’âme du duc de Bretagne qui, comme on l’a vu, s’était déjà vengé du connétable, ennemi capital des Anglais que protégeait autant Charles de Blois.

Les dépositions de Bois-Bourdon auxquelles nous sommes souvent obligés d’avoir recours, pour établir la vérité des faits que nous rapportons[1] démentent formellement ici les historiens qui nous disent que la reine n’était pas du voyage de Languedoc ; les preuves qu’ils en donnent consistent dans une prétendue gageure faite entre le roi et le

  1. 1re  liasse de sa procédure, fo 18.