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ISABELLE DE BAVIÈRE

Les Anglais, effrayés de ces apprêts, mirent trois cent mille hommes sur pieds, et nous eussions, sans doute, triomphé de ces forces si, comme il n’arrive que trop souvent dans de pareilles circonstances, les intérêts particuliers n’eussent nui à l’intérêt général.

Pendant ce temps, les Gantois formaient le projet de brûler notre flotte dans le port de l’Écluse et quoique ce complot avortât, il n’en fournit pas moins au duc de Bourgogne l’idée de remettre à l’année prochaine les entreprises contre l’Angleterre, pour l’exécution desquelles il avait déjà reçu des sommes fort considérables.

Cependant il fallait au moins employer l’armée, on la fit marcher contre ceux qui avaient formé des projets contre notre flotte, et l’on s’en tint là.

De ce moment, chacun démêla les desseins du duc de Bourgogne ; on osa même l’accuser d’avoir reçu de l’argent des Anglais pour se tenir en repos ; ce qui mettait dans ses coffres et les sommes données pour entreprendre, et celles reçues pour ne rien faire.

Voilà l’esprit qu’Isabelle trouva établi à la cour de France lorsqu’elle y parut. Est-il bien étonnant que ce mauvais génie se soit emparé d’elle après les dispositions que nous venons d’observer dans son caractère ?