se lisait plus d’orgueil que de cette sensibilité si
douce et si entraînante dans les regards naïfs
d’une jeune personne. Sa taille annonçait de
l’élévation et de la souplesse, ses gestes étaient
prononcés, sa démarche hardie, son organe un peu
dur, sa parole brève. Beaucoup de hauteur dans
le caractère, aucune trace de cette tendre humanité,
apanage des belles âmes et qui, rapprochant
les sujets du trône, les console de cette distance
pénible où les a fait naître le sort. Déjà de l’insouciance
pour la morale et pour la religion qui
l’étaie ; une insurmontable aversion pour tout ce
qui contrariait ses goûts ; de l’inflexibilité dans
l’humeur ; de l’emportement dans les plaisirs ; un
dangereux penchant à la vengeance, trouvant
facilement des torts à ce qui l’entourait ; aussi
facile à soupçonner qu’à punir, à produire des
maux qu’à les envisager de sang-froid ; prouvant
par de certains traits que quand l’amour enflammerait
son cœur, elle ne s’abandonnerait qu’à ses
emportements et n’y verrait qu’un but utile. À
la fois avare et prodigue, désirant tout, envahissant
tout, ne connaissant le prix de rien, ne
chérissant véritablement qu’elle, sacrifiant tous
les intérêts, même ceux de l’état, au sien propre ;
flattée du rang où le sort la plaçait, non pour y
faire le bien, mais pour y trouver l’impunité du
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ISABELLE DE BAVIÈRE