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ISABELLE DE BAVIÈRE


habitants de la campagne y massacrent partout les nobles et riches, L’esprit de vertige de la capitale vient de s’emparer des provinces ; le duc de Berri qui commande en Languedoc fait justice des séditieux, et le sang du coupable efface, s’il se peut, celui de l’innocent.

D’autre part, en traversant les provinces qui doivent le rendre dans ses nouveaux états, le duc d’Anjou, favorisé par le pape, pille et ravage tout ce qui tombe sous sa main ; il semble que ce déprédateur insolent veuille faire payer aux Français le bonheur qu’ils ont de le perdre. Mais ce bien mal acquis ne lui réussit pas ; il en perd la moitié dans son passage de l’Apennin, il en emploie le reste à soutenir la guerre contre Charles de la Paix, son compétiteur au trône de Naples ; dénué de ressources, il envoie le marquis de Craon qui l’avait suivi solliciter de nouveaux secours auprès de la duchesse sa femme, reine de Sicile. Mais loin de rapporter à son maître ces subsides précieux, le marquis les dissipe avec des courtisanes de Venise. D’Anjou ruiné meurt de ses blessures, et plus encore de honte et de chagrin. Ceux qui s’étaient associés à sa fortune rentrent en France, en mendiant de tristes secours, qu’attendu les fautes de leur maître, on ne leur refuse que trop souvent.

Craon, qui s’est enrichi des vols faits au duc d’Anjou, a l’audace de reparaître à la cour dans l’équipage le plus somptueux, Berri lui reproche la mort de son frère, et donne des ordres pour l’arrêter ; Craon s’échappe…