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ISABELLE DE BAVIÈRE


en face de l’exécution, que tous les coupables ne sont pas punis, et qu’il reste encore bien des exemples à faire. Le roi approuve ce cruel avis : à l’instant tout fléchit aux pieds du souverain ; les femmes crient miséricorde. Le roi se laisse toucher et, d’après les conseils du duc de Bourgogne qui dans le fait aime mieux de l’argent que du sang, Charles accorde la vie aux coupables, moyennant une amende plus forte que la moitié de leurs biens. Tout ne reste pourtant pas au duc de Bourgogne, celui de Berri partage ; on demande la part des troupes, mais on est sourd à cette juste réclamation, et la subsistance des honnêtes gens ne sert qu’à nourrir l’avarice et la rapacité des spoliateurs de la France. Les impôts se rétablissent et le peuple n’a plus que ses larmes.

La guerre recommence en Flandre ; le duc de Bretagne, qui jusqu’alors n’a fourni que de faibles secours, paraît cette fois en personne ; on le devine, et sa conduite prouve sa fausseté. Le Breton est Anglais, on le voit, mais le bon Charles a peur de se tromper ; la franchise est si loin de la fourberie qu’elle ne la conçoit même pas : et Charles se conduit avec ce traître comme s’il lui était même impossible de le soupçonner.

Le comte de Flandre meurt ; et cet événement met le comble à la grandeur du duc de Bourgogne, naturel héritier de ce prince.

Mais sans qu’on puisse en démêler la cause, le Languedoc, l’Auvergne et le Poitou se soulèvent ; les