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ISABELLE DE BAVIÈRE


de plaire aux mécontents. Plus de patriotisme où parle l’intérêt personnel ; et le séditieux, sans pudeur, ne se console de l’obligation où il se trouve de renoncer à ses projets qu’en racontant avec complaisance tout ce qui peut flétrir les succès de Rosebeck. Les massacres des habitants ensevelis sous les cendres de Courtrai sont aussitôt attribués, non sans cause, au régent qui veut soumettre cette ville infortunée ; de ce moment, ils s’unissent à ceux dont les larmes coulent sur ces horreurs. Mais si leur mécontentement contre le duc de Bourgogne s’accroît en raison de ces torts, celui qui les a eus, et qui en projette d’autres, ne peut que sévir avec plus de force contre des gens qui veulent à la fois le punir et le pénétrer. Ses procédés le prouvent, et le Parisien inquiet sort de ses murs au nombre de vingt-cinq mille hommes armés, qui garnissent à l’instant les hauteurs de Montmartre et la plaine de Saint-Denis par où doit rentrer le roi. Des députés s’avancent avec respect vers lui, dès qu’ils l’aperçoivent, en l’assurant que les forces déployées par les Parisiens à ses yeux n’ont d’autre objet que de montrer au roi ce qu’ils peuvent, si Sa Majesté les requiert. Charles paraît satisfait ; mais opposant avec dignité le juste orgueil d’un monarque à la fière politique de son peuple, ce n’est qu’en vainqueur d’une ville conquise qu’il rentre dans sa capitale. Les barrières élevées par les factieux se détruisent, et les troupes se logent chez le bourgeois. Les ducs de Bourgogne et de Berri parcourent