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ISABELLE DE BAVIÈRE


chaînes se tendent, on poursuit ceux qui veulent faire payer jusqu’au milieu des temples où ils se réfugient. On s’empare de l’Hôtel de Ville et de toutes les armes qui s’y trouvent, et forts de ces secours, les mutins inondent les rues, pillant et ravageant tout sous le vain prétexte de n’en vouloir qu’à ceux dont on doit se plaindre. Le désordre est au comble ; aucun citoyen n’est en sûreté ; il n’est plus d’asile nulle part ; les maisons se démolissent ; les prisons s’ouvrent, les malfaiteurs qui s’en échappent viennent augmenter la tourbe impie de ces mécontents effrénés. Le sang coule et le prétexte du bien est, comme dans toutes les révolutions, la cause immédiate du mal.

Enfin les officiers municipaux arment dix mille hommes dans la capitale ; tous les partis vont se mêler pour s’égorger indistinctement.

Mais l’autorité se réveille. Le roi, pour lors à Rouen, marche sur Paris ; cette ville rebelle va subir la peine qu’elle mérite, et sans la grâce demandée pour le peuple par les bons citoyens, la destruction de Paris est inévitable. Une amnistie est accordée ; les instigateurs des troubles sont seuls exceptés ; mais le peuple veut la grâce entière, il est prêt à recommencer si l’on tient à ces exceptions ; on est obligé de faire secrètement noyer les coupables. Et voilà ce que produisent et la faiblesse du prince et la sordide avarice de ceux qui le gouvernent.

Le roi consent à revenir, si Paris veut quitter l’appareil