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ISABELLE DE BAVIÈRE


ne néglige rien de ce qui peut augmenter celle des lettres ; un cabinet de neuf cents volumes devient le berceau de cette magnifique bibliothèque qui fait aujourd’hui le bonheur des savants et l’admiration de l’Europe. D’autre part, il diminue les impôts, il améliore ses finances ; dix-sept millions sont trouvés dans ses coffres. Cette somme étonnante pour le siècle où elle s’économise, n’est que le fruit de l’encouragement que ce bon prince donne à l’agriculture et de l’activité qu’il imprime au commerce, véritables richesses d’un état qui, trouvant alors toutes ses ressources dans son sein, ne redoute plus ni les malheurs de la guerre qui les absorbent ou les diminuent, ni les fléaux du ciel qui les épuisent ou les dénaturent. Charles aime les conseils et n’écoute point les courtisans : ceux-ci trompent, ceux-là dirigent les parfums de la flatterie, obscurcissent les lumières de la raison, et l’individu que le sort place sur un trône doit toujours préférer, s’il est sage, le flambeau qui l’éclaire à l’encens qui l’enivre.

Un jour le chambellan La Rivière loue le roi sur le bonheur de son règne. Mon ami, répond Charles, ce ne sera qu’avec la certitude d’avoir fait celui de mon peuple que je pourrai croire au mien.

Il fait plus que de rendre heureux ce peuple, unique objet de ses sollicitudes, il sait le remettre à sa place, lui faire tenir le rang qu’il doit occuper dans l’Europe, soit en dégageant ses provinces du joug de l’Angleterre,