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ISABELLE DE BAVIÈRE


entraîner un bon prince, et moi de la juste punition réservée par le ciel et le peuple à celle qui se fit un jeu d’outrager à la fois l’un et l’autre. »

Ne pouvant plus résister à cet état violent, Isabelle obtint la grâce qu’elle demandait chaque jour à Dieu qui, las de la persécuter, daigna l’arracher enfin aux douleurs passagères de la vie, pour lui faire éprouver celles qui ne finissent jamais et que doit sa justice à des exécrations qui faisaient frémir l’univers.

Ce fut dans la soixante-huitième année de son âge, le 30 septembre 1435, dix jours après la signature d’un traité qui, par la raison qu’il calmait la France, venait de déchirer son cœur, que cessa d’exister celle qui ne vécut que pour la honte de son siècle, et qui ne traversa la vie que pour épouvanter ceux qui la parcouraient avec elle.

Elle disparut sans que le tombeau même pût lui servir d’asile. On grava sur le sien, en mémoire de ses crimes, l’animal effrayant qui les rappelle tous : une louve.

Objet de plus d’honneur qu’elle n’en méritait sans doute (mais que le Français toujours bon et juste rend seulement au trône quand il sent ne le pouvoir faire à ceux qui sont indignes de l’occuper), son corps fut exposé quatorze jours à l’hôtel Saint-Paul, au bout desquels on fit son service à