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ISABELLE DE BAVIÈRE


tout disparut. Il est donc un terme où la justice du ciel venge enfin la vertu que le crime outragea. Son insouciance, ses prodigalités avaient laissé son époux dans un dénuement total : elle-même éprouva bientôt les effets de cet état affreux, l’humiliation et l’horreur. Cette femme, naguère si sensuelle, si délicate, si orgueilleuse, blasée dans ses goûts, dans ses habitudes et dans ses passions, avait à peine pour se couvrir les vêtements qu’elle eût rougi de voir aux femmes qui la servaient jadis, et pour sa table, ce qu’elle n’eût pas souffert qu’on offrît à ses gens.

« Elle était si pauvrement gouvernée (nous dit un auteur du temps) qu’en la voyant, on lui demandait à elle-même où était la reine ; elle n’avait, dit cet historien, que huit septiers de vin par jour, pour elle et pour sa maison. On faisait si peu d’état d’elle, pour les grands maux qu’elle avait causés sur la terre, qu’on eut l’insolence de la poursuivre en raison des dettes contractées par elle pour les premiers besoins de la vie, tels que le feu, l’éclairage, la nourriture, etc. Et elle fut condamnée au payement. »

Réduite à ces cruelles extrémités, n’espérant plus rien, ni des ennemis auxquels elle avait livré le royaume, ni de ses sujets aux yeux desquels sa conduite en avait fait un objet d’opprobre ; insul-