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ISABELLE DE BAVIÈRE


même temps la cause de sa ruine. Mais la dernière de ces clauses, et la plus importante sans doute, puisqu’elle allait laisser respirer la France, fut que Philippe reconnaîtrait le roi Charles pour son seul et légitime souverain : ce qui, dès lors, dégageait le duc de Bourgogne de tous les serments qu’il avait pu faire au roi d’Angleterre.

On ne pensa plus qu’à célébrer par des fêtes un aussi heureux événement… événement dans lequel tous les Français voyaient la fin des malheurs publics et de leurs infortunes particulières.

Mais si ces heureuses nouvelles consternèrent le duc de Bedford et sa nation, quel coup de foudre ne portèrent-elles pas dans l’âme de la malheureuse Isabelle, qui ne voyait plus, cette paix une fois conclue, ni aucune possibilité de nuire à un fils pour qui ces événements devenaient des triomphes, ni aucun moyen de rappeler les Anglais dans les provinces que le traité replaçait pour toujours dans les mains de ce fils abhorré ! Une âme comme la sienne pouvait-elle résister à de si grands revers ?

À peine eut-elle appris ces nouvelles qu’elle se relégua à l’hôtel Saint-Paul ; et ce fut là qu’elle put se convaincre de la fragilité des grandeurs de ce monde, et de l’ingratitude des hommes, dès que la fortune s’éloigne de nous. Courtisans, domestiques, considération, crédit, tout l’abandonna,