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ISABELLE DE BAVIÈRE


La reine instruite conseilla à Bedford de lui donner des médecins, avec la clause expresse de l’empêcher de mourir de cette maladie ; attendu, disait-elle, que le roi d’Angleterre qui la fait acheter fort cher, veut absolument qu’elle soit brûlée vive.

Quels raffinements de la rage la plus envenimée et de la plus cruelle vengeance !

Mais arrêtons-nous ; nous l’avons déjà dit, une plus grande masse de preuves ne servirait qu’à révolter le lecteur, et lui faire répandre des larmes plus amères sur la triste victime de tant d’horreurs et de forfaits, qui, malade et garrottée sur un bûcher prêt à s’enflammer pour la réduire en cendres, trouve encore le courage de repousser les calomnies lancées contre son roi… le justifie et meurt.

Lorsque Louis XI fit revoir le procès de Jeanne, on rechercha tous ceux qui avaient contribué à cette infamie : tous étaient morts excepté deux qui furent arrêtés et périrent sur le même bûcher où ils avaient fait brûler leur victime. Si Louis XI eût su la part qu’avait sa grand-mère à cette barbarie, peut-être n’en eût-il pas poursuivi les fauteurs avec tant d’acharnement ; ou s’il le savait, l’amour de la justice, et le noble désir de venger son père, l’ont alors emporté sur tout autre sentiment.