gogne ? C’est Bedford. Cessons donc de nous aveugler
sur ce fait : Jeanne a été sacrifiée par ceux
à qui sa conduite a déplu, et n’était-ce pas à
Isabelle que cette conduite déplaisait le plus souverainement ?
Jeanne venait de servir le dauphin,
et la plus mortelle ennemie du dauphin, n’était-ce
donc pas Isabelle ?
Les choses néanmoins éprouvèrent encore quelques difficultés et principalement de la part de la duchesse de Luxembourg, à tout instant aux pieds de Ligny son époux, pour l’empêcher de livrer Jeanne.
On fit présenter requête au roi d’Angleterre, à l’effet de prier Sa Haute Excellence, au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, d’ordonner que Jeanne d’Arc fut brièvement livrée et mise entre les mains de la justice de l’Église. Or, qui appuyait cette requête ? Bedford. Qui excitait Bedford ? la reine. Et à qui cette requête était-elle présentée ? au roi d’Angleterre. Et qu’était le roi d’Angleterre ? le fils de Catherine, la plus chérie des enfants d’Isabelle, celle à qui elle avait toujours fait conserver sur l’Anglais tout le crédit dont elle avait besoin.
Enfin l’argent vint à bout de tout : on acheta le sang de cette pauvre fille ; au lieu de sacrifier cet argent pour la sauver, on le prodigua pour la