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ISABELLE DE BAVIÈRE


d’un corps aussi respectable, et qui avaient tant de fois prouvé leur attachement à ses souverains, ne conçurent jamais le projet d’envoyer au dernier supplice l’intéressante créature qui venait de se sacrifier pour un roi que ces braves docteurs chérissaient autant qu’elle… non, ils ne durent pas le faire, ils ne le firent pas.

Mais l’inquisition se chargea de cette infamie.

À Dieu ne plaise que nous prenions ici la défense d’un tribunal de sang, dont les crimes font frémir la nature. Oui, l’inquisition put le faire : ce n’est pas dans l’âme de ceux qui la composaient que parle l’amour du prince : sans doute elle put le faire, mais elle ne le fit pas. Esclave du pouvoir anglais qui dominait pour lors, elle prêta son ministère à une réclamation dictée par l’acharnement des ennemis du dauphin : peut-être même employa-t-elle dans cette réclamation les termes qui lui furent suggérés ; mais le sentiment qui les dicta n’est pas émané d’elle : tribunal absolument passif dans l’état et ayant le frère Martin pour vicaire général, l’inquisition put ordonner à ce vicaire d’exécuter les ordres supérieurs qui seraient donnés à cet égard ; elle le fit et, en le faisant, elle continua d’être passive mais jamais active. Les expressions dont frère Martin se servit, et qui se trouvent dans le procès de la pucelle, furent em-