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ISABELLE DE BAVIÈRE

Le duc de Bourgogne, à la sollicitation du régent, se rendit dans la capitale. Il y eut d’abord quelques conférences secrètes au palais de Saint-Paul, où se trouva Isabelle dont l’éloquence employa tout pour faire sentir à quel point il importait de perdre cette Jeanne qui, disait-elle, avait séduit l’esprit de son fils au point de l’avoir pour ainsi dire conduit par la main à ce fatal couronnement.

Il fut ensuite question de ranimer dans Paris le zèle des débris du parti bourguignon, ainsi que la haine jurée aux Armagnacs. Tout fut employé pour cela : harangues, sermons, émissaires lancés dans le peuple qui, toujours trompé, eut l’air de consentir par la force à tout ce qu’on exigeait de lui pour le duc de Bourgogne et pour les Anglais. Nous ne citons ces nouvelles démarches des ennemis de Charles VII que pour faire voir quelle part Isabelle prit à tout cela : quoique les historiens, mal instruits et se copiant tous les uns les autres, aient voulu nous persuader qu’elle s’était alors vouée au plus profond silence et à la plus complète inaction, ce qui arriva véritablement quelques années après ; mais elle fut très certainement pour lors le premier mobile de tout[1].

  1. Nous avons eu sous nos yeux la preuve de ce que nous avançons ici, dans le procès manuscrit de Jeanne d’Arc, transporté de Rouen à la Bibliothèque royale de