cœur ; que les cris qui parviennent à vous peuvent
être ceux de vos enfants ; que les gémissements qui
vous déchirent s’exhalent peut-être, ou du sein
qui vous a porté, ou de celui qui devait un jour
doubler votre existence, combien sont amères les
larmes que de tels fléaux font verser et combien
sont coupables les instigateurs de ces crimes !
Malgré la retraite dans laquelle la reine paraissait s’ensevelir, il est certain que le duc de Bedford l’avait chargée sourdement de la défection du duc de Bretagne, et que le désir ardent de nuire à son fils lui avait fait prendre beaucoup de part aux négociations qui avaient enfin décidé ce duc à renoncer à l’alliance de Charles VII et à jurer foi et hommage au roi d’Angleterre. Il paraît même qu’elle fit un voyage à Rennes dans cette intention ; ce qui sans doute, ainsi que nous l’avons déjà observé, était le coup le plus affreux qu’elle pût porter aux affaires de son fils.
Mais Isabelle, dont rien n’assouvissait la haine contre ce fils et que désespérait tout ce qui ne tendait pas à cet objet sacré pour elle, s’affligeait infiniment de voir qu’à mesure que le parti anglais se fortifiait en France le duc de Bedford faisait sentir sa supériorité au duc de Bourgogne, à tel point que celui-ci, bon, grand et généreux, commençait à rougir de l’alliance honteuse qu’il avait