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ISABELLE DE BAVIÈRE


gouverné par les créatures de Henri et de sa belle-mère ; à peine laissa-t-on quelques vieux serviteurs auprès du roi de France et, pendant que Henri étalait au Louvre le luxe le plus insolent, le malheureux Charles manquait de souliers et de pain ! Le Français consterné s’observait, n’osant ni interroger ni répondre ; il disait en versant des larmes : Eh ! qu’y ferions-nous maintenant ? tout cela n’est-il pas notre ouvrage ?

Oubliant les services que le maréchal de l’Isle-Adam avait rendus à la faction bourguignonne, sur la fausse inculpation qu’il avait ouvert Paris au dauphin, Isabelle ayant sans doute encore d’autres motifs d’en vouloir à ce seigneur, engagea Henri à le faire mettre en prison, où il resta jusqu’à la mort de Charles. Voilà comme, sous le prétexte du plus léger mécontentement, cette femme ingrate et vindicative abusait de son crédit auprès du monarque anglais, pour le rendre l’aveugle instrument de toutes ses passions.

Le ciel voulant enfin punir l’habitant de Paris de la prépondérance qu’il accordait à un monarque étranger sur le sien, livra sa ville aux fléaux les plus destructeurs.

Les derniers mois de 1420 et les premiers de 1421 furent affreux. Il est impossible de dépeindre à quel point l’hiver étendit ses frimas. Le manque