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ISABELLE DE BAVIÈRE


Le roi d’Angleterre, suivi de la cour de France, marcha de là vers Paris. En passant par la ville de Melun, où le prince d’Orange vint voir le duc de Bourgogne auquel il était fort attaché, Henri lui proposa la prestation du serment ; mais le prince, en refusant avec fierté, prouva que si l’honneur s’exilait un instant du cœur des citoyens français, celui des princes lui offrait toujours un asile.

Chaque jour, Henri faisait repentir la nation du coupable serment qu’elle lui avait fait. À chaque pas la reine s’abreuvait du venin des serpents que sa main venait d’agiter. Le séjour que Henri fit à Melun offrit un nouveau trait de l’inhumanité du cœur de cette femme. En attaquant la place, il avait promis aux soldats et aux officiers de la garnison de les laisser sortir avec les honneurs de la guerre ; mais il les fit tous arrêter sous les remparts et

    fouler insolemment sans pudeur et sans honte les cendres des héros que leur audace affronte !

    Comment, d’après cela, pourrions-nous répondre à l’invitation qui nous a été faite de déposer nos pièces justificatives chez un notaire ? Les originaux n’existent plus, et quant à nos extraits, dès qu’ils sont de notre main, les gens qui doutent de tout, parce qu’ils ne sont pas faits pour croire à rien, ne pourraient-ils pas objecter que ce que nous disons ne serait pas plus vrai que ce dont nous l’étayerions ? Nous ne pouvons donc fournir à l’appui de nos assertions que la copie des réponses qui nous furent adressées quand nous demandâmes le sort des originaux.