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ISABELLE DE BAVIÈRE

Les obsèques du duc de Bourgogne furent magnifiquement célébrées ; leur pompe égala celle des rois. On prononça son oraison funèbre et l’authenticité que l’on mit à ces cérémonies répétées dans toutes les églises ranima plus que tout le désir de la vengeance dans l’âme des Parisiens. Toutes les villes se réunirent dans le même esprit.

Le dauphin écrivit, promit, menaça : rien ne put rompre la confédération ; il semblait que la monarchie fût à l’instant de sa ruine, tandis qu’elle ne perdait que celui qui avait cherché à la détruire. Mais dans tout cela, on ne fit pourtant aucune démarche capable de désarmer le courroux de la reine, ou, comme disent les historiens, pour réduire son ressentiment dans un silence qui eût pu lui épargner bien des crimes.

Maintenant jetons de sang-froid un coup d’œil rapide sur l’homme célèbre qui vient de nous occuper si longtemps. Le duc de Bourgogne, brave à l’armée, faible au conseil, concevait l’idée de tous les forfaits qui pouvaient l’élever au plus sublime degré de splendeur, mais manquait presque toujours de l’énergie nécessaire à leur exécution. Heureusement susceptible de remords, ses mains toujours frémissantes manquaient le but que lui désignait le génie le plus ardent. Sujet à des tergiversations qui paralysaient souvent le mal qu’il