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ISABELLE DE BAVIÈRE


leurs épées[1] ? Cette hache avait donc échappé à l’inspection : cela est-il présumable ? cela ne ferait-il pas plutôt croire que ce meurtre était prémédité ? De quelque façon qu’il ait été commis, pour en laver Duchâtel, quelques historiens font intervenir sur le pont un grand homme brun, qui frappa le duc d’une longue épée. Cette fable est absurde, puisqu’il n’y avait sur le pont que les vingt seigneurs nommés ci-dessus, parmi lesquels ne se trouvait assurément pas le personnage imaginaire dont on nous parle et que l’on n’ose introduire ici que pour disculper Tanneguy. Il valait bien mieux légitimer son action que de la nier, et on le pouvait : il punissait un assassin, il vengeait son roi, quoi de plus juste ? Ce ne fut pas d’ailleurs la seule fois qu’il agit de cette manière : ne le vit-on pas en 1424 tuer le dauphin d’Auvergne, dans les appartements de ce même Charles qu’il venait de si bien servir à Montereau ? Il valait donc bien mieux, nous le répétons, préconiser l’action commise sur le duc Jean par Duchâtel que de l’anéantir.

Quoi qu’il en fût, lorsque les gardes extérieurs virent tomber du monde sur le pont, ne sachant

  1. « Je conserverai cette hache toute ma vie, avait dit Duchâtel, elle a abattu la main avec laquelle ce scélérat avait tué monseigneur d’Orléans. »