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ISABELLE DE BAVIÈRE


n’aurait-elle pas les mêmes droits quand il ne s’agit que de faits seulement utiles à notre instruction ?

Beaucoup de difficultés hérissaient notre travail ; une des plus pénibles, sans doute, était de nous trouver perpétuellement entre la crainte de trop dire et celle de ne pas dire assez. Nous eussions nécessairement échoué contre les écueils, sans l’extrême désir de tout vaincre, pour faire partager aux autres l’étonnement indicible que nous éprouvions, en découvrant des trames aussi bien ourdies, et près de là, l’incroyable apathie de ceux qui n’avaient même pas daigné s’en apercevoir… Comment ose-t-on écrire l’histoire avec cette impardonnable négligence ? Comment est-on aussi peu jaloux de sa propre réputation ? Comment ne redoute-t-on pas davantage la honte de tromper les autres ?

Était-il rien de plus pitoyable, par exemple, que de ne pas renouer de suite l’intrigue de la reine avec le duc de Bourgogne, dès le moment où sont rompus les liens qui l’enchaînaient au duc d’Orléans ? Quoi ! messieurs les compilateurs[1], vous nous offrez, cent pages après, Isabelle comme la plus ardente amie du duc de Bourgogne, dès qu’elle a perdu d’Orléans, et vous n’osez dire ni les motifs qui devenaient la suite de cette nouvelle liaison ni ceux qui l’établissaient ? Faute d’être guidé

  1. Monstrelet, Mézerai, l’abbé de Choisy, Le Laboureur, Mlle de Lussan, Villaret, etc., tous ont commis la même faute.