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ISABELLE DE BAVIÈRE


honte dont cette action me couvrira ? Le dauphin va devenir mon roi, puis-je porter la main sur lui, et ce que je gagnerais pour notre commune alliance ne le perdrais-je point aussitôt par les dangers de cette action et par l’avilissement dans lequel ses suites doivent infailliblement me plonger ? — Fîtes-vous ce calcul, Monsieur, quand il fut question d’assassiner d’Orléans ? — D’Orléans n’était pas mon roi.

— Je ne vous dis pas, répondit Isabelle, de tremper vos mains dans le sang du dauphin : soyez plus adroit, prince, irritez son jeune orgueil ; que ceux qui seront avec vous croient que les mouvements de colère qui lui échapperont en ce moment peuvent être suivis de voies de fait, et qu’ils fassent tomber sous leurs coups celui qui voudrait vous voir sous les siens. Vous vous vengerez alors, mais vous n’attaquerez pas ; lui seul est pour jamais flétri dans l’opinion publique… Songez que vous êtes anéanti si vous ne suivez mes conseils : songez que si mon fils triomphe, je suis éloignée pour jamais, que tout ce que nous avons fait jusqu’à ce jour est perdu et qu’il ne nous restera plus que des larmes à verser sur d’irréparables malheurs. — Les gens qui me suivent, Madame, sont des gentilshommes pleins d’honneur : puis-je supposer qu’un régicide existe