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ISABELLE DE BAVIÈRE


voir user d’une telle fourberie, qu’on ose dans le même instant prêter tant de bonne foi ! Convenons qu’il faut avoir envie de s’aveugler pour déraisonner à ce point. Le duc fut aussi traître envers le dauphin qu’il l’avait été toute sa vie avec ceux auxquels il avait eu affaire : il n’était franc qu’avec la reine, parce qu’encore une fois ce n’était qu’avec elle qu’il trouvait tout ce qui servait son avarice et son ambition ; que ce n’était qu’elle qu’il avait réellement aimée et non cette Mme de Giac, seulement son amie, et aux séductions de laquelle on ose pourtant dire qu’il se rendit ; ce qui dans une affaire aussi importante l’eût assurément brouillé avec la reine et plus encore avec le roi d’Angleterre, qu’il avait tant de raisons de ménager.

Eh ! non, non, jamais dans aucune de ces négociations le duc de Bourgogne ne cessa d’être faux, et cette fois, il le fut à tel point qu’il scella par tous les serments de la religion son raccommodement avec le dauphin comme si un homme semblable pouvait se croire lié par des serments religieux, lui que n’enchaînaient pas même les plus saintes lois de la nature ; et l’on persiste à croire de la sincérité dans le cœur d’un homme qui venait de jurer tout le contraire dans sa dernière entrevue avec Henri. Non, non, encore une fois,