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ISABELLE DE BAVIÈRE

On craint souvent l’incendie qu’on allume : que de crimes de plus sans cette heureuse frayeur !

Le duc de Bourgogne redouta l’excès du zèle des habitants de Paris ; il sentit qu’il importait à la sûreté de calmer cette effervescence. On s’empara de tous ces massacreurs et l’on en fit la justice qu’ils méritaient si bien à leur tour.

Capeluche fut le premier immolé ; son valet l’exécuta, et comme il n’avait pas encore exercé, ce fut sur l’échafaud que son maître lui donna sa dernière leçon : « Que le couteau tombe là », lui dit-il en marquant du doigt la place qu’il fallait frapper ; s’agenouillant ensuite, il reçut le coup et périt comme il avait vécu, sans peur comme sans remords. Il faut des siècles de sang pour offrir de semblables traits, et par bonheur, ils se reproduisent rarement.

Le duc, toujours dans le même esprit, éloigna de Paris tous ceux qui s’étaient montrés le plus empressés à servir sa cause par l’exécution des crimes dont nous venons de tracer l’effroyable tableau. On envoya ces misérables faire la guerre au reste des factions du dauphin et du connétable, qui occupaient encore quelques places fortes dans les environs de Paris. S’imaginant qu’on les trompait, et qu’on voulait les faire immoler par ceux qu’on les envoyait combattre, ils voulurent rentrer dans