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ISABELLE DE BAVIÈRE


vinrent sécher les murs encore humides du sang de leurs ennemis.

Ces subversions sont l’histoire de toutes les révolutions : les victimes changent, les bourreaux restent, parce qu’il faut qu’il y ait toujours sur notre misérable planète une somme de maux égale à celle du bien, équilibre absolument essentiel à la conservation de l’univers.

Isabelle ne s’en tint pas là ; peu d’esprits avaient autant de ressources que le sien pour étendre l’horreur et doubler l’infamie. Elle engagea le duc de Bourgogne à ordonner que les troupes cantonnées aux environs de Paris s’opposassent à l’entrée des vivres. Une disette affreuse se fit bientôt sentir, et les partisans de la reine ne manquèrent pas de publier que cette nouvelle oppression n’était l’ouvrage que des débris des Armagnacs ravageant et pillant les campagnes.

Il n’en fallut pas davantage pour ranimer la colère assoupie du peuple ; il se reporte aux prisons et y égorge ceux qu’on vient d’y renfermer.

Un chef bien digne d’être à la tête de ces nouvelles atrocités s’offrit à les conduire. La reine et le duc de Bourgogne le reçurent à bras ouverts ; c’était le bourreau de Paris, le fameux Capeluche. « Mon ami, lui dit la reine, à vous seul appartient l’honneur de nous débarrasser d’ennemis aussi