Page:Sade - Histoire secrète d’Isabelle de Bavière, reine de France, Pauvert, 1968.djvu/356

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
336
ISABELLE DE BAVIÈRE


dont Dieu se sert pour nous punir et nous humilier.

Eh ! non, non, Isabelle ne rougissait plus, il y avait longtemps que le crime avait anéanti dans elle cette émotion si tendre et si précieuse de la nature, née du remords et de la pudeur, et qui devient dans l’homme la preuve la plus certaine de l’inaltérable empire de la vertu.

Dès lors, tout changea dans le gouvernement : Isabelle et le duc s’attachèrent à ne laisser en place aucun individu de l’ancien ordre de choses. Morvilliers, qu’Isabelle avait déjà mis à la tête du Parlement qu’elle avait créé à Troyes, devint le chef de celui de Paris ; de l’Astre fut fait chancelier ; l’Isle-Adam et Chatelux furent faits maréchaux de France ; Dehens devint amiral et le duc Jean se réserva le gouvernement de Paris. Tous les officiers de la maison du roi, tous les domestiques furent renouvelés, et l’impudente Isabelle fit placer, parmi les valets de chambre du palais, ce Le Clerc qui, de tous temps, l’avait si bien servie et dernièrement encore en introduisant les Bourguignons.

Comme l’intention de la reine était de ne laisser libre aucune personne de la faction du connétable, les arrestations se prolongèrent et ne firent que changer d’objets ; les Armagnacs remplacèrent les Bourguignons dans tous les cachots de Paris et