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ISABELLE DE BAVIÈRE

Le connétable et tous ceux de son parti furent traités comme les autres. Les seuls prisonniers du Châtelet veulent opposer quelque résistance : aussitôt des flammes enveloppent les murs où ces malheureux sont captifs ; ils préfèrent, au feu qui les menace, le danger moins certain de se jeter par les fenêtres ; mais de quel raffinement n’est pas susceptible la férocité d’un peuple égaré ! des lances sont présentées à ces tristes victimes et c’est sur ces fers aigus qu’elles vont trouver la mort à laquelle elles croyaient échapper.

Cette abondance de sang, d’entrailles éparses et fumantes encombre toutes les rues adjacentes au palais et à la porte Paris ; on n’y peut plus passer sans se couvrir de ces objets dégoûtants jusqu’à la cheville du pied[1]. Ce n’est plus en un mot que par la mort même que l’on évite le spectacle de la mort : il faut tomber sous le fer des bourreaux, si l’on veut éviter de voir ceux que leur glaive immole.

À l’animosité du jeune Le Clerc, un de ceux dont les coups frappent avec le plus de violence, on reconnaît aisément la main qui le fait agir : le génie d’Isabelle paraît le poursuivre et l’électriser ; rien en un mot n’arrête ces monstres, et l’astre

  1. Expression de tous les historiens.