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ISABELLE DE BAVIÈRE


ticide, etc., etc., presque sans indices et sans preuves. On voit que ceux qui ont écrit ce règne, se suivant comme des moutons conduits par le bélier, ont dit ce que leur avaient dit les autres, et ont écrit ce qu’ils avaient scrupuleusement copié dans les mémoires infidèles ou insuffisants de ce siècle ; et comme les principaux matériaux de cette histoire leur manquaient, que les anciens n’avaient pu consulter des pièces qu’on leur dérobait avec soin, et que les modernes ne les recherchaient point, parce qu’ils trouvaient bien plus simple de transcrire, que de compulser, nous n’avons eu de ce règne fort singulier que de faibles copies calquées sur d’informes originaux.

De ce moment, on a cru que tout était dit, pendant que la vérité, c’est-à-dire la plus essentielle qualité de l’histoire, n’avait pas même été abordée. Il fallait donc l’atteindre, cette vérité redoutable ; plus en fonds que ceux qui l’avaient d’abord essayé, nous nous sommes cru en état de le faire, parce que nous avions sous nos yeux ce qui manquait aux autres pour parvenir au but désiré. Le hasard et quelques voyages littéraires nous avaient fourni ces moyens, dont l’un des principaux se trouvait dans l’interrogatoire de Bois-Bourdon, favori d’Isabelle et qui, condamné à mort par Charles VI, révéla dans les tourments de la question toute la part qu’avait Isabelle aux crimes de ce règne. Cette pièce essentielle, ainsi que le testament du duc de Bourgogne tué à Montereau, fut