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ISABELLE DE BAVIÈRE


d’Anjou, beau-père du dauphin Charles, qui avait le plus grand intérêt à sacrifier le rival de son gendre, naturellement exclu du trône par l’existence de Jean.

Mais dans ce cas, pourra-t-on objecter aux historiens, pourquoi donc charger de cette horreur la mémoire d’Isabelle ? Parce que nous croyons pouvoir le hasarder sans crainte, et cela par la raison que, lorsqu’un crime se commet et que deux intéressés paraissent en être vivement soupçonnés, le devoir de la justice qui prononce et du public qui augure est d’examiner impartialement quel est celui des deux prévenus qui a eu le plus d’intérêt à la consommation de ce crime. Or, ici, il est clair que l’intérêt du duc d’Anjou, qui ne voulait qu’assurer le trône à son gendre, était bien inférieur à celui d’Isabelle qui se voyait exclue du sien en n’immolant pas sur-le-champ celui qui en sapait les fondements. Il est douloureux sans doute de soupçonner une mère d’un forfait aussi monstrueux ; mais Isabelle n’avait-elle pas déjà exécuté le même crime sur la personne d’un autre de ses enfants ? Cette femme atroce balançait-elle à commettre les forfaits les plus graves, toutes les fois que ses passions les lui commandaient ?

Au reste, nous n’appuierons ce dernier trait que